Un coin de jardin impressionniste

5 Avril 2014 - Fascinée,  je découvre Ben Hager, Georges Sutton, Monty Byers, Lloyd Zurbrigg, Margie Valenzuela, Barry Blith, B. Miller, W. Maryott, G.Sutton, H. Danielson, Shreiner, Moores et d'autres ... Leurs oeuvres communes avec la Nature touchent à la perfection. Tous sont des créateurs d'iris (ou l'ont été, Sutton et Hager sont morts).

Je ne savais jusqu'à présent me représenter les iris que dans des jardins .... hmmmm, comment dire ... du genre plan-plan, "mémé" quoi ! Les petits bleus, les petits jaunes et les gnien-gnien mauves ou bicolores jaune et mauve, non franchement, je n'aimais pas. Je le confesse au risque de me faire tirer dessus ;) Et puis j'ai découvert les iris géants, vraiment hauts, les "grands barbus" ("Tall Bearded Irises" en anglais) hybridés par les poètes, artistes et idéalistes que sont les "créateurs" d'iris. Cette "Valse Eternelle" (ci-dessous) m'enchante autant que l'arc-en ciel ("Couronne Prismatique", ci-dessus)

Quant aux iris , ils sont géants dans tous les sens du terme et débordent de qualités naturelles (ces qualités appartiennent aussi aux iris nains et moyens, mais les géants gardent ma préférence) : besoin de si peu d'eau que pas, ingélifs jusqu'à moins vingt degrès, ne veulent pas d'engrais (d'ailleurs l'azote leur nuirait), disparaissent en juillet et août pour ne pas faire d'ombre aux "légumes du soleil" et réapparaissent une dernière fois - éblouissants de la beauté de l'éphémère - à la faveur d'un été indien (l'automne que je préfère, à la fois somptueux et doux).

Leurs seules exigences sont la suppression régulière des fleurs fanées (facile : toc et c'est tout !) et la division des rhyzomes tous les trois à cinq ans (facile aussi, quand c'est prévu dès le départ et que la corvée d'arrachage est réduite voire supprimée) ainsi qu'un sol bien drainé (même chose : ça s'aménage). Du coup, j'ai tout prévu et n'ai plus qu'à préparer. Une trentaine de spécimens ont été commandés ici :

http://www.bearded-iris.co.uk/

C'est-à-dire de quoi faire un bout de jardin exotique PLUS un autre coin à la manière des Impressionnistes : ça me plaît ! ! ! (mon "iridopholie"). Je rédige un billet à part pour l'exotisme, ici ce sont les photos de la base impresionniste. Ce petit jardin impressionniste comptera vingt-trois variétés et entourera la partie "lit d'été". Cool pour siester, se réveiller, contempler : pour regarder passer le temps et les nuages.

Parmi ces 23 types d'iris, dont la plupart sont remontants (refleurissent en automne, ma saison préférée...), les individus montrés ici  (photos du catalogue) se nomment, par ordre d'apparition : 1) Bye Bye Blackbird par George Sutton en 2000) -  2) Prismatic Crown par Margie Valenzuela, 2012 - 3) Eternal Waltz par H. Danielson en 1989 - 4) Headline Banner par George Sutton en 1999 5) Forever Yours par B.Hager en 1993 (ci-dessus) - et ci-dessous 6) Porcelain Frills par Ben Hager,  toujours en 1993 -  7) Naturally Sweet encore par Margie Valenzuela en 2012 - 8) Immortality par Zurbrigg en 1982. Ces fleurs représentent l'une des trop rares occasions où l'Homme et la Nature font cause commune pour l'exploit virtuose d'atteindre un idéal esthétique. Ce prodige de la Nature et de l'Homme ensemble me laisse rêveuse.

Dernier avantage mais non le moindre, à l'issue de la division des rhyzomes, j'obtiendrai de la poudre d'iris sec qui est une poudre très fine délicatement parfumée pour des usages multiples  comme : exfoliant très doux, fixateur de parfum, déodorant, shampooing à sec, dentifrice (agent de blanchiment des dents non agressif connu pour "décrasser" les dents jaunies et noircies des grands fumeurs). Bref, c'est "tout bénef !" et -selon le cas - diaboliquement, angéliquement, divinement beau ... A l'opposé du potager, derrière le garage, se trouve une petite pointe de terrain dont nous ne savions pas quoi faire. Je pense maintenant y établir une petite nurserie d'iris germanica. Chris m'imagine très bien créant moi-même de nouveaux iris. C'est si proche de la peinture ! Mais avec la réalité de la vie, sa sensibilité, en plus. Ce qui me laisse rêveuse ...

Les plants commandés hier, 4 avril, devraient être livrés la première semaine d'octobre, pour respecter le cycle végétatif des iris et à la bonne période pour les planter (70% terre franche, 25% compost, 5% sable de rivière, une poignée de cendres de bois, le tout dans un baquet à poignées d'un diamètre de 36cm et d'une hauteur de 20cm, enterrés sur un lit de graviers). Je les mettrai ainsi en jauge puisque les iris s'acclimatent très bien en jardinière ou en bac. Voilà qui me simplifiera énormément le seul entretien qu'ils nécessitent : la division du rhysome, certaines années de loin en loin. D'ici octobre, j'ai par ailleurs beaucoup à faire : ça tombe bien :) Je sais déjà qu'ils se plairont dans la terre légèrement acide de notre jardin puisque des iris sauvages (foetida) colonisent le talus,  à l'ombre légère d'arbustes anarchiques, face à la lumière du matin. Mais en principe, les iris des jardins préfèrent les sols bien drainés, neutres à calcaires. Aussi plutôt que d'ajouter de la chaux agricole - ce que nous ne voulons pas faire - nous ajouterons un mélange d'algues séchées additionnées de calcium et de magnésie (dénomination anglaise "Cal-Sea-Feed"). 

14 Septembre 2014 - Près du bassin pousse une magnifique herbe : le jonc odorant panaché formera un fond du plus bel effet pour nos iris. Ce jonc (Acorus calamus "variegatus") est une plante aromatique, iridiforme, qui a pour particularité ses feuilles longitudinalement striées de blanc crème. 

L'Acorus calamus 'Variegatus' est une vivace aquatique de bordure de pièce d'eau, raison pour laquelle elle surplombe le bassin ( il peut même être planté jusqu'à 10 cm sous l'eau). Décoratif à cause de son feuillage vert marginé de crème, caduc, ses feuilles dégagent aussi une odeur de mandarine quand on les froisse.

Cette plante médicinale odorante se plante plutôt au soleil, dans un mélange de terre franche et de terreau de feuilles. Maintenir le substrat humide. Elle est rustique, au moins jusqu'à -15°C. On ne lui connaît pas d'ennemis, maladie ou ravageur.

Avec toutes ses qualités, le jonc odorant panaché mérite une large place près des iris qu'il mettra en valeur. Quelques jardinières ont été prélevées, pour être replantées dans l'espace du lit d'été ... quand il sera construit, à la fin de l'année prochaine !