La Clématite des Haies (clematis vitalba)

Elle ne manque ni de charme, ni de noms : également dénommée Herbe aux Gueux, Clématite Vigne Blanche, Viorne, Vigne de Salomon, Vigne de la Vierge, Aubevigne, Herbe aux Mendiants. Les petites filles la cueillaient pour en faire des couronnes  et pour le couronnement de la Vierge Marie. Et nombre d'enfants se sont suspendus au moins une fois à ces longues et souples lianes pour imiter Tarzan! A moins qu'elles n'aient servies de ligatures sommaires pour construire des cabanes. On peut en faire des liens ou des paniers et elle a été ainsi utilisée dans la vannerie campagnarde pour la confection de divers objets comme les paniers, ruches, corbeilles, muselières pour bétail et chevaux, nids pour pigeons et poules, fond de casquette, corde à linge... Son bois était fumé, d'où son nom de « Bois de pipe ». J'ai trouvé cette suggestion intéressante : "Récupérer les lianes au mois de novembre avant que la chevelure des fruits ne soient trop abimés par les intempéries. Elles serviront de décorations soit comme guirlandes pour le sapin de Noël, soit comme couronnes végétales en y ajoutant de gros noeuds rouges ". N'est-elle pas jolie sur la petite terre cuite plate du toit du "workshop" (photo ci-dessus) bien qu'on puisse lui trouver un air un peu dégingandé (photo ci-dessous) ?

Elle pousse dans les endroits frais.» Pousse dans les bois, broussailles et haies, sur sols calcaires et jusqu'à 2100m d'altitude Plante toxique : elle contient un suc  irritant  qui produit des ulcères (utilisée autrefois par les mendiants pour provoquer la compassion)  cependant, comme beaucoup de plantes, dès l’Antiquité, elle a été employée pour un usage thérapeutique. Elle est utilisée en homéopathie sous le nom de clematis vitalba.

C’est une liane vivace,  de la famille des Renonculacées, formée de tiges longues de 2 à 4 mètres. Cette clématine s’enroule autour des branches des arbres ou arbustes. Dans notre jardin, elle se promène sur le toit de l'atelier indépendant en contrebas (protégée là par le chèvrefeuille), mais aussi autour de l'arche d'entrée au potager (protégée ici par un buis panaché), ou encore dans la haie au niveau de la petite serre (protégée enfin par la haie). Elle semble beaucoup se plaire chez nous puisque je recense au moins trois pieds prospères. 

Les feuilles, caduques, sont d'une disposition opposée, pennées et  à folioles entières. Inflorescence : les fleurs blanc-crème, parfumées, dressées en panicules, mesurent 15 à 20 mm et se composent de 4 sépales pétaloïdes duveteux sur le dessous ; nombreuses étamines groupées très visibles.  Entre mai et août, elles couvrent, pendant six semaines, de leur manteau floral blanc les plantes que la clématite envahit. Les fruits sont des carpelles grisâtres à l'aspect plumeux puis cotonneux, ils forment des touffes denses  persistant en hiver qui persistent longtemps en hiver. Ces akènes munis de leur longue arête plumeuse élégamment courbée, sont disposés en étoile. Le fouillis argenté de ces fruits chevelus ("cheveux de la Vierge") persistent longtemps sur la plante et on les voit encore au coeur de l'hiver, la rendant très décorative dans la froidure. On a l'impression d'une deuxième floraison ! C'est pourquoi la plante symbolise l'âge mûr: "Bien que je ne sois plus de prime jeunesse, mon amour ne manque pas de vigueur". 

Très rustique, la clématite des haies peut supporter jusqu'à -22°C. Très vigoureuse aussi, cette liane peut atteindre 20 à 30 mètres de longueur et vivre 25 à 30 ans.

Jusque-là, tout allait bien. Hélàs les choses changent qu'on on apprend que, naturellement, la clématite des haies abrite des hôtes peu recommandables. En effet, la clématite des haies nourrit un scolyte, des coléoptères (altise brun-jaune), une petite punaise, les chenilles de plusieurs espèces de géomètres (larentie de la clématite). Les fleurs parfumées attirent papillons et perce-oreilles la nuit; mouches, abeilles et bourdons le jour. Au niveau de la petite serre, le scolyte a infesté une vigne enlacée par la clématite (nous l'avons arrachée) et son voisin immédiat, un splendide Vibernum. Une partie de cet arbre sera prochainement abattue et brûlée (le scolyte peut s'envoler à plus d'un kilomètre pour trouver un autre abri) et je crois bien que la clématite y passera aussi (celle qui est dans la haie - proche du vibernum - et celle qui est accrochée à l'arche du potager car il pourrait être néfaste d'attirer les altises, punaises et chenilles vers nos cultures de légumes).

Certes, l'arrachage de deux pieds de clématites sur trois est regrettable. Mais il l'est un peu moins en raison de sa toxicité ... Et ces deux pieds seront remplacés par des Clématites Armandii Apple Blossom, à feuillage persistant et au parfum exquis de fleurs d'oranger (photo ci-dessous, prise à Bordeaux où elle fleurissait fin mars).

Parties toxiques : feuilles à l'état frais et surtout pendant la floraison
Principes actifs : un alcaloïde, la clématine ainsi que protoanémonine et divers saponosides
Circonstances d'intoxication : ingestion de plante fraîche
Organes cibles : tube digestif mais aussi peau
Symptômes : le suc de la plante entraîne une inflammation de la peau et des muqueuses (action rubéfiante et vésicante). L'ingestion est quant à elle à l'origine d'une violente inflammation des muqueuses buccale et digestive, d'où ptyalisme, inrumination, puis coliques et constipation évoluant en une diarrhée noirâtre avec augmentation de la diurèse. Lors d'ingestion massive s'ajoutent fréquemment des troubles nerveux : convulsions, tremblements et mydriase, la mort pouvant survenir dans les 12 heures.