L' Avocatier (Persea americana)
Jolis, nos tous jeunes avocatiers ... Dans son milieu endémique, Persea americana est un grand arbre pouvant atteindre allègrement 15 à 20 mètres de haut et vivre 70 ans. Dans de bonnes conditions, il fructifie à partir de l'âge 4 à 6 ans et produit plusieurs centaines de kilos d'avocats par an. L'avocatier est un effet un arbre fruitier appartenant à la famille des Lauracées, originaire du Mexique et d'Amérique Centrale. L'avocatier en pot garde évidemment des proportions beaucoup plus raisonnables : 2 ou 3 mètres de haut maximum (et encore, cela dépend de la taille du pot ou du bac !). Il survit aussi moins longtemps, disons 20 ou 30 ans dans le meilleur des cas. Et avant de devenir un arbre miniature, les premières années, il aura plutôt l'apparence d'une jolie plante verte.
L'avocatier ne peut renier ses origines tropicales et subtropicales : il est frileux. Certes, certaines variétés mexicaines (notamment la variété 'Hass' que l'on trouve fréquemment sur les étals) peuvent supporter des gelées de l'ordre de -5°C à -10°C, mais la plupart des autres variétés ne tolèrent pas le gel. Voilà pourquoi, en France, l'avocatier est généralement cultivé en pot, en intérieur, au moins durant l'hiver. Sous les climats les plus doux, notamment dans le Sud de la France et sur le littoral atlantique, on peut l'installer en pleine terre en choisissant une variété relativement rustique (paillage du pied et voile d'hivernage recommandés en hiver). Chez nous, dans le sud-ouest britannique, nous allons tenter de les acclimater en serre froide (dans la grande serre), en pleine terre, en prenant en hiver les précautions recommandées. Cet arbre a besoin d’un maximum de lumière et profitera du soleil l’été. Il donne l'impression d'avoir un feuillage persistant, or, ses feuilles tombent chaque année, mais seulement après le développement des nouvelles feuilles : ses branches ne sont donc jamais nues.
A l'occasion d'un délicieux guacamole Bio fait par Chris (pour accompagner son exquis "chili senza carne"), les noyaux d'avocats ont été récupérés délicatement. L'avocat a été coupé avec soin, afin de ne pas abîmer le noyau situé au cœur du fruit. On y parvient très bien en piquant la peau d'un demi-centimètre de profondeur, en coupant le long du fruit, puis en tournant les deux moitiés dans des directions opposées pour ouvrir l'avocat. Il suffit alors d'utiliser une cuillère pour retirer délicatement le noyau et le mettre de côté.
Je rince délicatement le noyau d'avocat pour enlever toute la chair, en utilisant de l'eau tiède et mes mains. Surtout pas de savon. Il faut veiller à ne pas abimer la peau brune du noyau, sinon, le noyau lésé aura moins de chances de pousser. Je sèche bien le noyau à l'aide de papier absorbant? l'écueil à éviter étant que ce noyau pourrisse.
Je n'aime pas la technique des cure-dents qui consiste à piquer le noyau pour le maintenir au-dessus de l'eau. Je préfère fabriquer un récipent "sur mesure" pour le noyau. Rien de plus simple ! Un petit pot en plastique, découpé d'un petit trou en son centre, sera plus tard emboité dans un verre en plastique. Le petit trou est destiné à maintenir la base du noyau en contact avec l'eau. L'utilisation de petits ciseaux courbes m'a bien facilité les choses.
Mon petit pot qui servira de support au noyau est maintenant prêt à accueillir confortablement ce dernier, qui ne sera donc ni piqué, ni percé, ni trouyauté.
Ce petit pot sera placé au dessus d'un gobelet dans lequel j'ai versé de l'eau et ajouté deux glaçons d'eau de saule. attention, le niveau de l'eau doit affleuré jusqu'en dessous du pot, bien au ras, mais pas pas davantage. L'intention est de mouiller la base, mais surtout pas le noyau (toujours en raison du risque de pourrissement). En principe, il faudrait changer l'eau très souvent pour éviter que la moisissure, les bactéries, la fermentation, etc. ne gênent le processus de germination de l'avocat. Mais mon dispositif étant couvert, l'eau étant aditionnée de "thé de saule", je n'aurai simplement qu'à m'assurer que la base de l'avocat reste toujours humide et immergée. Au besoin, je complète le niveau d'eau.
Je place le récipient dans un endroit tempéré, près d'une fenêtre ou d'une source de lumière afin de commencer la germination. Il faut aussi une température comprise entre 20 et 25°C. Idéalement, pour reproduire les conditions naturelles, le haut est à la lumière tandis que le bas est plus au sombre. On peut recouvrir à cette fin le gobelet de papier alu. Comme je disposais de cache-pots en zinc, de la bonne hauteur, j'y ai tout simplement mis mon dispositif.
Au cours des 2-3 premières semaines, la peau brune extérieure du noyau va commencer à se rider, s'assécher pour finir par se détacher complètement. Peu après, le noyau commence à se fendre en haut et en bas.
Après 3-4 semaines, une racine pivotante commence à émerger à la base du noyau. Mais parfois c'est plus long, nous avons ainsi des noyaux de la fin du mois de mai qui à ce jour, six semaines pls tard, n'ont toujours pas pris racine. Ensuite, l'avocat va germer par le haut, libérant un bourgeon qui plus tard s'ouvrira et donnera naissance à une pousse feuillue. Il est déjà temps de le planter en terre (mieux vaut ne pas laisser trop longemps la racine dans l'eau), ce dont chris s'est chargé.
Le noyau d'avocat est soigneusement enfoui dans un mélange de terre tamisée et de terreau en prenant soin de laisser dépasser la moitié supérieure du noyau au-dessus de la surface. Cela évite à la base du tronc de pourrir sous la terre.
Accidentellement, Chris a cassé un bout de racine de l'un des noyaux. Celui-ci a stoppé toute activité aérienne pendant trois semaines. Mais en dépit de ce fait j'ai continué à maintenir le substrat humide, fort heureusement pour cet avocatier qui redéveloppait sa racine ! Pendant ce temps, le deuxième noyau a érigé une tige relativement longue...
Les deux pots vont à présent séjourner quelques semaines dans la petite serre, jusqu'au moment où ils pourront aller prendre l'air dehors.
20 mai 2014 - C'est le grand jour pour le grand air ! Dehors, oui, mais quand même à l'abri, sur la terrasse. Dès la fin du printemps, vers fin mai, un séjour à l'extérieur est très bénéfique aux avocatiers. Mais il faut les exposer très graduellement aux rayons du soleil, sinon, gare au brunissement du feuillage tendre ! A l'automne (octobre), ils seront rentrés à l'abri, (dans la serre, ou dans la véranda s'il fait vraiment froid, en tous cas dans une pièce pas trop chauffée et lumineuse). Il faudra alors brumiser leur feuillage régulièrement (attention aux araignées rouges ...) et diminuer les arrosages (en laissant le substrat sécher entre deux apports d'eau), car les besoins en eau sont plus faibles durant l'hiver.
21 juin 2014 - Celui dont la racine avait été cassée, plus petit, est protégé sous cloche pendant la nuit. Tous deux se portent bien : chaleur, lumière, substrat gardé toujours légèrement humide, ils poussent bien ! La terrasse, non loin du bassin, est ensoleillée mais l'air, à cause de la proximité de l'eau, n'y est pas trop sec.
Concernant la taille, deux méthodes s'affrontent : - la 1ère dit qu'il faut pincer la plantule au-dessus de la première paire de feuilles, dès que celles-ci sont suffisamment développées et qu'à défaut, l'avocatier risque fort de pousser tout en hauteur, sans se ramifier, portant seulement quelques feuilles au sommet d'une tige grêle ; - la 2nde ne préconise aucune taille au début car cela retarderait alors l’entrée en production de fruits et précise que seule une taille d’entretien du bois mort et des gourmands s’avère efficace. Pour l'instant, comme nous n'avions pas voulu piquer les noyaux, nous n'avons pas davantage pincé les tiges. Du reste, la tige d'un des deux plants reste si basse qu'il n'y a strictement rien à pincer ... Concernant les fruits : la première récolte d’avocats n’aura lieu qu’au bout de 8 à 10 années si l'arbre est en pleine terre et bénéficie de températures clémentes en hiver et chaudes en été. Mais, en attendant, son magnifique feuillage persistant en fera une très belle plante à l’intérieur de la serre.
19 septembre 2014 - Après avoir passé l'été dehors, les deux avocatiers sont aujourd'hui rempotés dans de plus grands pots (10 L) puis sont rentrés à l'intérieur, dans la véranda. Le substrat dans lequel ils se trouvent maintenant est un mélange de terre de jardin (tamisée) de terreau bio et d'un peu (très peu) de sable et de corne broyée. Un troisième avocatier, qui commence seulement à émettre sa tige les a rejoints à l'intérieur.