Du jus tout frais d'algues marines comme engrais bio
Une promenade au bord de la mer et ... la vigne et les rosiers bénéficieront de ce jus naturel, dilué dans leur eau d'arrosage ! Nos jeunes fruitiers (pommes et poires), les figuiers et avocatiers aussi. Sans oublier les plantes en pots comme nos érables du Japon, par exemple.
Disponible en jardinerie, le jus d'algues s'utilise dilué, en pulvérisation foliaire au début de la croissance des plantes. Par exemple sur les tomates et les arbres fruitiers dont le feuillage devient plus vert et plus vigoureux. Il peut aussi servir de « mouillant » pour améliorer la fixation et l'action d'autres traitements comme le soufre ou la bouillie bordelaise. Le faire chez soi prend certes un peu de temps, mais quand on habite près de la mer, pour la fraîcheur, la qualité et la gratuité, ça vaut largement le coup de faire une cueillette d'algues !
Fucus, laminaire, ascophyllum, porphyre, laitue de mer... Quelles soient brunes, rouges ou vertes, les algues sont un trésor de bienfaits pour amender et fertiliser le jardin. Près de chez nous, c'est du fucus vésiculeux que je vais ramasser.
Elles contiennent environ 70 % de matière organique facilement décomposable et des sels minéraux nutritifs : 2 % d'azote, 2 à 3 % de potasse (6,5 % dans le fucus vésiculeux), mais assez peu de phosphore (0,3 %), 2 % de calcium, 1 % de magnésium (utile pour construire la chlorophylle), entre 1 et 8 % de soufre, 5 % de sodium et de nombreux oligoéléments, c'est-à-dire des éléments présents en quantités infimes mais indispensables aux plantes : fer, iode, zinc, manganèse, nickel, cuivre, bore ... Les algues vertes, tristement célèbres dans les baies bretonnes, sont les plus riches en calcium (3 %) et en magnésium (6 %).
Dans le jus de fucus que je confectionne, je ferai une légère supplémentation en magnésium, surtout pour les rosiers. J'ai trouvé sur le web cette composition approximative des algues brunes ( % ), sachant que la composition des algues brunes varie assez fortement selon les espèces considérées.
- Azote N = 0.25
- Phosphore P2O5 = 0.25
- Potasse K2O = 3
- Matières organiques: acide alginique, fucoïdine, laminarine, mannitol, . . .
- Matières minérales: calcium, sodium, soufre, chlore, magnésium, manganèse, . . .
- Oligo-éléments: fer, zinc, cuivre, strontium, cobalt, nickel, molybdène, plomb, étain, vanadium, brome, argent, chrome, baryum, bismuth, antimoine, bore, lithium, ...
- Autres substances: vitamines A, BI, B2, B3, C, DI, D2, E, F, K, PP; acides aminés, hormones végétales.
L'hiver est propice au ramassage des algues. Mais ce tout début de printemps anglais lui ressemble beaucoup ... Prendre le frais, respirer l'air de la mer, et tout en marchant, remplir un sac étanche (une simple poche en plastic fera l'affaire, si elle n'est pas percée) de branches d'algues choisies en pleine santé. Autant que possible, j'agite dans l'eau de mer, les branches d'algues ramassées, pour les débarasser du sable et de leurs hôtes éventuels : sable et petites bestioles ne sont pas les bienvenus à la maison ...
Une fois rentrée avec des algues (presque) propres, il me faut les dessaler soigneusement. En effet, si les algues sont un trésor de bienfaits pour le jardin, le sel lui ne l'est pas. Mais alors pas du tout !
Par contre, une fois le sel très soigneusement rincé, le jus qui sera extrait des algues stimule la croissance et la résistance des plantes aux maladies. On parle d'algothérapie, carrément ! En effet, l'algue marine est le meilleur cocktail d'oligo-éléments, de vitamines, d'acides aminés et d'hormones végétales que l'on puisse imaginer. C'est toute la richesse de la mer. Elles sont, en effet, de véritables concentrés de tous les éléments contenus dans l'eau de mer. Utiliser les algues, c'est donc effectuer une sorte de recyclage des éléments qu'elles contiennent.
Extraire leur jus artisanalement, sans machine industrielle, n'est pas très facile. Il faut s'armer de patience ... et d'une centrifugeuse (au minimum d'un robot broyeur). Il faudra faire repasser le broyat au moins cinq ou six fois dans la centrifugeuse, en ajoutant un tout petit peu d'eau. La concentration des substances hydrosolubles (autrement dit, solubles dans l'eau) contenues dans les algues fraîches diffusera plus facilement dans l'eau (qui est un solvant). On pourra ainsi récupérer un petit peu de jus à chaque passage. Prévoir du temps et de la patience ...
Prévoir aussi un peu de matériel : centrifugeuse ou robot-broyeur, un grand saladier, des pots à fermeture étanche, un vieux torchon propre, une basine ... Une ou des bouteilles pour stocker le jus d'algues au frigo avant utilisation. Ne pas garder plus de quelques jours au frais car pas de conservateurs. De même, il faudra secouer la bouteille avant usage pour avoir un jus homogène, vu qu'il n'y a pas de stabilsateur chimique.
Une fois qu'on a repassé les algues cinq ou six fois dans le broyeur, on en a marre mais on a obtenu un hachis d'algues. Je place ce hachis dans un torchon posé dans une passoire, elle-même posée dans une casserole. Et je laisse faire ! Puis je récupère le jus qui est passé dans la casserole en le versant dans une bouteille que je ferme bien. Et hop, au frais ! Toutefois le hahis d'algues regorge encore d'une matière sirupeuse et gluante. Transvaser ce hachis dans un récipient fermant bien (idéalement, un bolcal en verre, avec couvercle), ajouter un peu d'eau et une cuillère à soupe d'alcool (l'alcool de ménage fera l'affaire). Agiter énergiquement le bocal de temps en temps. Laisser reposer quelques heures. Filtrer avec le tochon comme précédemment.
Le hachis restant n'est pas perdu pusqu'il ira alimenter le compost. Je le mets dans une bassine et j'ajoute un peu d'eau pour le composteur (l'eau de rinçage des élément du robot est très riche).
Voilà ! Avec un sac de varech, j'ai obtenu deux litres de jus d'algues. Ce jus étant déjà un peu coupé d'eau, je diluerai 100ml de produit 10L d'eau d'arrosage. En pulvérisation foliaire, je mettrai une cuillère à soupe de jus d'algues pour un litre d'eau. C'est le jardin qui va être content. ;)