Inspirée par MONEY
Un soir à Socoa ... Je suis tombée amoureuse d'une toile portant ce nom, ou pour être exacte, d'une photo de cette toile, parue il y a une quinzaine d'années dans un numéro de la Gazette de l'Hôtel-Drouot. Un soir à Socoa ...
Retrouvant l'année dernière l'image autrefois découpée dans ce magazine, j'ai formé le projet de réaliser une grande peinture en m'inspirant directement de cette oeuvre de Fred Money. A ces différences près, que je change le format pour l'agrandir à 120/60cm, je remplace le modèle par ma propre personne et le sourire détendu de ce modèle par mon expression tendue par la concentration. Je modifie aussi légèrement le point de vue, ainsi que la position du corps et en particulier celle de mon bras. Pour terminer, je complète la végétation de l'avant-plan.
Quand, un jour, cette toile sera peinte, je la nommerai "Un soir où je n'étais pas à Socoa". Socoa est un quartier de Ciboure, célèbre station balnéaire sur la Côte Basque. Ciboure partage avec Saint-Jean de Luz, la Baie de Socoa.
Ciboure, entre mer et montagnes, c'est le charme d'une petite station balnéaire basque nichée au coeur d'une splendide baie face à Saint-Jean-de-Luz. Suivez le guide : 4 plages de sable fin vous attendent pour profiter des plaisirs de l'océan, à l'abri des caprices de l'Atlantique, des plages pour toute la famille.
http://www.ciboure-paysbasque.com
François-Raoul Billon, dit Fred Money, né en 1882 dans le Loir-et-Cher, meurt à Paris la veille de Noël 1956. Peintre et illustrateur français; il partageait son temps entre son atelier parisien au 15 de la rue Lebouteux dans le XVIIe et sa maison Dieppoise où il avait son atelier d'été.
Fred Money se fit connaître, de son temps, par des séries d’affiches touristiques en faveur des grandes plages de la côte atlantique, commandées par les Chemins de Fer Français, les offices de tourisme et l’exposition universelle de 1937. Il produisit également des cartes postales illustrant différentes régions.
Aujourd'hui à peu près tombé dans l'oubli, Fred Alias Raoul aura connu les honneurs de son vivant. Après être sorti premier de l’école d’art Bernard Palissy, il sera Officier d'Académie et de l'instruction publique. Il recevra la Médaille d'Argent de l'Exposition Universelle en 1937. Il obtiendra aussi le 1er grand prix des peintres-paysagistes français en 1952. Enfin, il sera récipiendaire de la Médaille d'Or, hors concours, de la Société des Artistes Français en 1955.
Fred Money gagne sa vie en tant qu'illustrateur, souvent sous son nom de " Raoul Billon ". Il illustre des œuvres de La Fontaine, Alphonse Daudet, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert, Pierre Loti, Pierre Louÿs, La Varende.
http://wikipedia.org
Toujours bien côtées, de nombreuses oeuvres de Fred Money ont été acquises par l'état français, la Ville de Paris, et par des collectionneurs d'oeuvres d'art, français et étrangers (surtout américains). "Un soir à Socoa" aurait été peint comme cadeau de remerciement à l'amie qui l'avait hébergé lors d'un de ses déplacements dans le cadre d'un contrat avec les Chemins de Fer. Cette amie est reconnaissable, ci-dessous, à notre gauche, sur cette toile intitulée "le goûter", peinte encore à Ciboure.
Je crois pouvoir dire que cette femme était probablement Louise d'Aussy-Pintaud (1900-1990), peintre habitant à Ciboure. Elle a dans sa parentèle des personnes portant le nom Billon (celui que porte aussi François-Raoul). Née en 1900, à Bordeaux au 78 rue de Pessac, Louise s'éteint à Socoa. Elle a été l'élève à Bordeaux du sculpteur M.A.Seysse et à Paris du peintre Biloul à l'école de Gustave Moreau. Connue, surtout au début pour ses sculptures de Nus, de Nus chastes, fidèlement observés. Dans sa peinture aussi, la nudité reste pudique (ci-dessous).
Comme en témoigne son tableau ci-dessous, représentant le Fort de Socoa et probablement peint de chez elle, les paysages de Louise d'Aussy-Pintaud sont traités par l'artiste avec vigueur.
Sa peinture est classique et épurée, ses portraits sont très expressifs. Elle exposa au Salon des artistes Français entre 1934 et 1942 (Source Bénézit et Gilbert Desport). Cet été, du 11 au 19 août 2018, la Mairie de Ciboure organise une exposition de trois peintres locaux dont Louise d'Aussy Pintaud.
Les peintres de la Nivelle à Ciboure (64). Tous les bons plans "Animations" sont sur le site officiel du Tourisme en Béarn Pyrénées Pays basque.
http://pratique.tourisme64.com
Fiche obtenue sur www.alienor.org depuis la base de données des collections des musées de Poitou-Charentes. Peintre et sculpteur. Elève de M.A. Seysse. Sociétaire des Artistes Français (d'Aussy-Pintaud, médaille d'or hors concours, Palmes Académiques).
http://www.alienor.org
Louise D'Aussy-Pintaud, Bordeaux, 12 octobre 1900 - 1990, Ciboure
http://www.paintinglexicon.com
Si je me substitue au modèle, ce n'est certes pas par désintérêt pour Louise d'Aussy -qui semble d'ailleurs ne jamais avoir été identifiée formellement par qui que ce soit sur la toile de Fred Money- mais à cause de l'envoûtement que le décor et l'action provoquent : j'aurais adoré être dans ce lieu de villégiature, dans les années 30 ...
J'y trouve l'espace, l'air, la lumière. Et l'ombre. J'y trouve autre chose encore, d'indéfinissable... Evidemment je suis subjuguée par le charme rétro et l'élégance subtile de la Dolce Vita (du reste, j'ai longtemps cru que cette scène de genre tenait dans quelque décor de la Riviéra). Mais il y a autre chose -qui serre le coeur- comme un regret immense. La fin annoncée de l'innocence, de l'insouciance. "Y'a d'la joie, bonjour, bonjour les hirondelles !" (Charles Trenet). Un peu comme si les faiseuses de printemps allaient s'envoler pour ne plus jamais revenir, bientôt remplacées par des bombardiers...
Je ne suis jamais allée à Socoa et je n'irai probablement jamais. Et pourtant j'y étais ... mais pas dans la réalité. C'était dans l'Avant-guerre, dont j'ai une nostalgie inguérissable bien que ne l'ayant pas connue. Les années 30, toute une époque ! Une époque commencée dans l'insouciance de la paix - alors que s'éteignent les derniers feux des années 20, ces fameuses "années folles", d'une créativité sans égale dans tous les domaines de la science, des arts et de l'industrie - pour venir s'achever brutalement aux portes d'une guerre qui embrasera la planète entière et qui, en France tout particulièrement, laissera des traces indélébiles dans les consciences, après avoir déchiré le pays en deux pour les décennies à venir. Dès 1932, le parti nazi devient la principale force politique en Allemagne. L'année suivante, Hitler est nommé chancelier du Reich.
Mais, curieusement, les intellectuels français feront longtemps mine de vouloir ignorer la menace, ou plutôt feindront de la minimiser en s'efforçant de parier sur l'espoir et la joie de vivre. Les chansons de l'époque sont le révélateur fidèle d'un optimisme et d'un enthousiasme étonnants. Ainsi Charles Trénet, en 1936, apportera un ton nouveau à la chanson française - lui insufflant pêle-mêle une fantaisie inaccoutumée, des rythmes nouveaux fortement influencés par le jazz, et une poésie légère, à la fois tendre, surréaliste et joyeuse. Bien sûr, il y a Fréhel, Damia, Berthe Sylva et, plus tardivement, Edith Piaf.
Entamée dans le sillage du krach de 1929, cette décennie est d'abord marquée par une grave crise économique aux répercussions planétaires qui a eu raison des Années folles. Dans le sillage des États-Unis, la France est touchée, comme toutes les autres nations développées.
http://www.agoravox.fr
Mais l'événement majeur de la décennie, en matière de chanson française, reste le succès fulgurant de Charles Trénet dont les couplets coincident avec cette liberté nouvelle et cet immense espoir nés en 1936 de l'avénement du Front Populaire, lorsque l'ensemble de la population découvre d'un coup les lois sociales et les congès payés. Un espoir de courte durée, il faut bien dire, puisque moins de trois ans plus tard la guerre fera à nouveau basculer l'Histoire, emportant dans sa tourmente les hommes et leurs chansons.
Les rêves, leur évanescence, vous transportent parfois dans un ailleurs lointain à l'autre bout du temps et de l'espace, peuvent avoir plus d'intensité que la réalité.
Arthur Rimbaud, poème L'éternité (mai 1872) : "Elle est retrouvée. / Quoi ? – L’Eternité. / C’est la mer allée / Avec le soleil. C'était, aussi, ce soir-là Socoa ...