« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Friedrich Hölderlin

21 septembre 2013

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Friedrich Hölderlin

Extrait d'une conversation troublante avec des amis d'un soir, d'un simple instant nietzschéen (internet, 2009)

Patricia à Mathieu et Olipien - [...] "Chaque nouvelle génération doit réécrire l'Histoire" ... mais avec quels matériaux les prochaines pourraient-elles le faire, quand il leur manquera jusqu'à l'air pour respirer ?

Mathieu à Patricia - je ne partage pas votre inquiétude même si je la comprends. Mais je pense que le problème ne réside pas dans "l'interdiction de penser" vers laquelle nous avançons petit à petit mais bien dans le fait qu'il existe peu de gens qui sont dans la recherche. Pour moi, l'Esprit peut et doit se libérer mais c'est une quête, et il possède tous les outils nécessaires. Il suffit de puiser chez les esprits qui ont depuis la nuit des temps retranscrit de l'intelligible vers la matière, leurs pensées sur le monde, afin d'y trouver inspiration et confiance. Nous possédons l'outil principal et primordial. Une fois que nous avons perçu l'Esprit, qu'est-ce qui peut nous arrêter ? [...]

Olipien à Patricia - Je partage votre inquiétude Patricia, mais ce n'est pas l'Etat ou les soi-disants ennemis qui empêchent de respirer. Nous nous l'interdisons nous-mêmes de peur de souffrir de ce monde. Ce monde qui ne possède pas dans sa culture les outils et la force pour cultiver l'homme dans le sens de son dépassement. C'est à dire non pas de l'homme supérieur, mais au contraire de l'homme en devenir. Tout peut encore se faire avec l'être aimé au sein du couple, et pour cela il faut tuer même la vision et le concept d'homme et femme fabriqué par cette époque. Il faut une origine plus originelle encore... Il n'y a qu'une direction pour le dépassement, et une infinité de chemins....

Mathieu à Patricia - "Ce monde qui ne possède pas dans sa culture les outils et la force pour cultiver l'homme dans le sens de son dépassement. C'est à dire non pas de l'homme supérieur, mais au contraire de l'homme en devenir."

Et pourtant je persiste à croire qu'ils y sont pour ceux qui veulent bien chercher. Même si à mon niveau il ne peut évidemment s'agir que de pistes. Encore que lorsque vous parlez de ce monde vous parlez peut-être de cette époque ? Si c'est cela je partagerai votre sentiment. Sinon, je pense que dans les écrits des anciens on peut trouver des pistes qui peuvent faire germer en nous certaines latences. Il ne "reste" plus qu'à tenter de les developper de la manière la plus saine possible. C'est pour cela que je parlais de quête. La recherche de l'Arya est une quête, l'Arya ne se décrète pas il se recherche pour se vivre si tant est que l'on en soit capable, et qu'il existe...

"Tout peut encore se faire avec l'être aimé au sein du couple, et pour cela il faut tuer même la vision et le concept d'homme et femme fabriqué par cette époque. Il faut une origine plus originelle encore... Il n'y a qu'une direction pour le dépassement, et une infinité de chemins...."

Je suis d'accord avec vous sur le fait de tuer le concept d'homme et femme en cours aujourd'hui, et même dans une certaine mesure celui qui a cours en Europe depuis l'antiquité. [...]
La direction c'est l'Être, je pense que nous serons d'accord ? C'est d'ailleurs ce que j'ai l'habitude d'appeler l'Esprit... Car où est-ce que l'Être est à chercher si ce n'est du côté de l'Esprit ? Quand au chemin........ vous m'aviez parlé un jour d'une "intervention" de Steiner, au sujet du Muthos. Qu'en est-il ? A relire ma réponse à Patricia, je pense que l'on puisse mal interpréter ce que j'ai voulu dire.[...) Tout mon "idéalisme" pourrait se résumer dans cette maxime :

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Friedrich Hölderlin

Patricia à Olipien et à Mathieu - Grandement et sincèrement merci Olipien et Mathieu (qui ne sauront jamais qu'ils viennent de faire affleurer une idée de l'inertie de mes pensées en marche sur les pistes ouvertes par Rudolph Steiner et Maria Montessori).

Olipien à Patricia - C'est un plaisir partagé Patricia....et de lire une enfant de Venus marcher dans cette force...donne à soi même bien du courage.... (...)

Mathieu à Patricia - Au sujet de l'idéalisme cette phrase m'a frappée alors que je visionnais un reportage sur Nieztsche : "L'esprit libre selon Nietzsche, c'est celui qui se sera liberé de l'optimisme de la tradition philosophique, c'est à dire de la croyance dans un monde idéal, dans un dieu, dans des valeurs supérieures, sans pour autant partager le pessimisme de Schopenhauer." C'est vous-même Patricia que vous devriez remercier, étant donné que c'est vous qui avez provoqué cette discussion... Au plaisir !

Plus de quatre années ont passé, et je pense en cet instant précis à "la force" et aux "outils". J'ai tout cela. Nous avons tout cela. Pourquoi certains ne les utilisent pas ? La réponse est peut-être dans cette phrase ambigüe de Wystan Hugh Auden : "Nous sommes tous ici pour aider les autres. Ce que je me demande, c'est pourquoi les autres sont ici ..." (“We are all here on earth to help others. What I can't figure out is what the others are here for.” ). D'ailleurs, je me reconnais dans ce vers d'Auden, je crois qu'il m'a mise dedans ... (in "Atlantide") : "mais note que leur subtilité trahit une simple, énorme tristesse" (“but notice how their subtlety betrays a simple enormous grief”)