La libellule verte

Cet après-midi, Chris a photographié le vol d'une libellule. C'est virtuosité de sa part car ce vol relève d'une prouesse dont sont incapables les autres insectes. En effet, les ailes antérieures et postérieures de la libellule sont indépendantes. De plus, la moitié extérieure de l'aile peut se mettre en torsion ce qui donne de nombreuses possibilités : les libellules peuvent ainsi voler sur place, et même en arrière. Elles peuvent faire des pointes à 36 km/h. Leur vitesse ascensionnelle est trois fois plus rapide que les autres insectes volants. La tête, très mobile, bouge indépendamment du thorax, ce qui leur permet notamment de la garder immobile en vol. Bref, c'est un petit hélicoptère de chasse sacrément perfectionné que notre libellule, faisant preuve d'une technique remarquable pour saisir en vol les insectes dont elle se nourrit (moustiques, mouches et moucherons).

Sur les nombreuses photos de Chris, je n'ai pas réussi à distinguer notre libellule, verte sur fond d'herbe verte avec ses ailes transparentes. Je la montre donc ici, posée sur la petite passerelle qui enjambe le bassin à poissons.

Que fait-elle ? Les odonates – plus connus sous le nom de libellules–, sont aquatiques à l'état larvaire et terrestres à l'état adulte. Ce sont des prédateurs que l'on peut rencontrer occasionnellement dans tout type de milieu naturel, mais qui se retrouvent plus fréquemment aux abords des zones d'eau douce à saumâtre, stagnante à faiblement courante, dont ils ont besoin pour se reproduire. Les libellules étant carnivores, leur disparition progressive est le plus souvent liée à la disparition de la microfaune, notamment aquatique et volante. L'eutrophisation des milieux, le remembrement agricole, l'utilisation excessive de pesticides sont les principaux facteurs de la raréfaction des populations d'insectes et autres petits invertébrés, leurs proies. Mais elles ne sont pas rares dans notre jardin, où j'en ai vu de toutes petites, certaines de couleur turquoise ou bleu lapi-lazzuli et d'autres habillées d'un beau rouge-orangé. J'en ai aussi vu des grandes vertes (comme celle surprise par Chris) et de grandes bleues : un bonheur dont je ferai en sorte qu'il dure, ici. Nous avions admiré dernièrement leur accouplement de haute voltige. La libellule photographiée par Chris, sa Dragonfly, est ici très occupée à chercher un petit nid bien au sec et à l'abri, entre les lattes disjointes de la passerelle, pour y déposer ses oeufs dont sortiront plus tard des larves. Il ne faudra pas moins de 80 mues à ces larves avant que nous puissions reconnaitre, petites ou grandes, bleues rouges ou vertes, nos  jolies libellules ...