Or et Bleu

Mourir en beauté comme savent le faire les feuilles de notre grand érable. Non pas une fin dramatique en soi, mais simplement la fin de quelque chose. Pour ma fille c'est la fin de l'insouciance, cette période bénie dont on voudrait sans cesse faire reculer les limites. Oh, que cela dure encore un peu, juste un peu ... Pourtant le temps de l'enfance est révolu et nous précipite dans celui de la mâturité, qui commence lentement, subrepticement, invisible inconnue. On pose là son innocence -une partie, tout au moins - et on perd l'insouciance, la désinvolture, l'insolence, leur légèreté. Maintenant, à leur place, se profilent la lucidité, la désillusion et l'amertume, le monde joli n'est plus ce qu'on a cru qu'il était ... Laideur et dureté cimentent l'impossible avenir que tout semble barrer. Et puis, soudain, entrevoir ce qu'il y a à y gagner : la force de se mettre en route, celle d'aller vers son destin, celle de l'accomplir et de le réaliser. La force de se réaliser. Donner un sens à sa vie. Lui donner aussi une direction réfléchie, voulue, pensée. Essayer ... Avec Lucie nous avons parlé ce week-end de Gurdjieff, de Rudolph Steiner, d'Alexandre Moryasson, de la franc-maçonnerie (qui signifie "Construction") et de l'Ordre Martiniste, des bleus à l'âme, de l'or aux larmes, de l'acception des mots.