Faire son trou quelque part ...

"Faire son trou", c'est s'installer dans un lieu, s'y acclimater, s'y enraciner.  Et je crois que je suis en train de faire mon trou à Vexford House, pour l'instant c'est un trou de bernard-l'ermite qui ne voit jamais personne et se fraie son chemin seul. En toute franchise, ça me va super bien ... Je ne sais pas quand sera construit le cabanon, pour l'instant je creuse son futur emplacement.

Ces dernières semaines, j'ai appris à différencier les lumières d'ici (le plus souvent, leurs lacunes) et les parfums de terre, d'humus et de mousse, à distinguer les différentes couleurs de la terre selon les endroits et les profondeurs, les paysages autour de moi dont l'horizon se renouvelle sans cesse. Tout en creusant, tout en pelletant, je pense ainsi à des choses et d'autres ...

Tant et si bien que petit à petit l'emplacement prend forme. Ce serait mieux encore si cet emplacement, à l'extrême pointe du jardin, n'avait vraisemblablement servi autrefois de "déchetterie domestique". J'y trouve du verre (cassé !) du métal (oxydé!), du charbon (brûlé !), des tuiles (brisées !) et diverses autres choses telles qu'une fourchette, un biberon, une bille, des pierres et des cailloux, etc ... De ce fait, sans compter les nombreuses racines des arbres abattus, il me faut passer la terre au tamis.

Chaque seau de terre évacuée du trou donne après le tamisage un plein seau de terre aérée (oui, ça foisonne) et deux tiers de seau de ... cochonneries. J'utilise cette dernière partie de déblai ("mauvaise terre") en l'épandant dans des zones qui nécessitent d'être remblayées avant de niveller l'ensemble du terrain.

Aussi, malgré le travail harassant des fouilles et terrassements, qui me fait me sentir comme un cheval fourbu, je suis contente :) Contente ne signifie pas forcément être parfaitement à l'aise et au nombre des petites misères, je redoute d'avoir forcé sur mon avant-bras droit au point d'avoir une déchirure musculaire : ça brûle ... même quand mon bras est au repos ! 

La partie de déblai constituée de bonne terre, couvre les différents niveaux qui seront engazonnés. La pelouse profitera donc d'une terre bien tamisée. Il me tarde de voir la pelouse semée, levée, poussée, et le cabanon construit, peint, utilisé. Mais avec le vilain temps qu'il fait et avec la vilaine sensation de brulûre que j'ai au bras, il me paraît plus confortable de laisser les fouilles en suspens pendant quelques jours. Le trou ne risque pas de s'envoler ... si ? ;)