Scolyte attaquant le Vibernum

Le salon d'été sera adossé à la petite serre et sous l'ombre du Vibernum qui est en fleurs en ce moment. Quand nous avons pris possession des lieux, la petite serre abritait une clématite sauvage et une vigne enlacées. Plantées à l'extérieur, à proximité du vibernum, vigne et clématite entraient dans la serre par des trous ménagés dans la base. La vigne montrait sous son écorce d'affreuses et grosses pustules. Elle fut coupée. Qu'avons-nous fait de ces coupes ? La perspective d'un démarrage de feu de bois parfumé aux sarments de vigne nous les a peut-être fait garder quelque part ... à tort !

Le vibernum est en réalité plusieurs vibernums. Les plus proches de la petite serre sont morts. Comme en témoigne la photo ci-dessus prise le 27/9/2013, ils l'étaient déjà à l'automne dernier. Sans feuilles. Sans fleurs.

Leur tronc est boursoufflé par de grosses pustules semblables à celles que revêtait la vigne, l'année dernière. Ces boursoufflures sont le fait de scolythes. 

Les auréoles plus claires marquées de points noirs signent aussi la présente de l'insecte. Déjà l'écorce tombe de l'arbre ... c'est une catastrophe pour cette partie du jardin !

Les scolytes sont de petits insectes xylophages de l'ordre des coléoptères.  Ils constituent une grande famille d'insectes dits "ravageurs" : les scolytidés (Scolytidae). Leur corps de 2 à 5 mm est cylindrique et court, de couleur brun foncé à rougeâtre et recouvert par les élytres qui protègent leurs ailes. Leur nom vient du grec skôlêx, « ver ». Ils pondent sous l'écorce des arbres et les larves se nourrissent de la sève des arbres, ce qui peut mener à la mort de l'arbre.

En trois semaines, un arbre de taille moyenne (environ 30cm de diamètre) peut se déssecher complètement en fonction de la virulence des attaques : la première génération de scolytes donne naissance à une autre qui va ensuite donner naissance à une troisième. L'insecte pond ses oeufs sur la partie vivante de l'arbre dont ses larves dévorent les canaux. Par conséquent la sève ne circule plus dans le végétal, ce qui provoque son dépérissement irrémédiable. Une fois l'arbre mort, l'insecte volant dispose d'un rayon d'action d'environ un kilomètre pour trouver sa prochaine victime.

Que faire ? La coupe des arbres atteints est la seule solution à condition d'abattre des arbres encore "verts" car de toutes façons ils vont mourir et pour le moment ce sont des nids à insectes. Pour améliorer l'efficacité, il faut absolumment détruire le bois soit par brûlage, soit par broyage, sinon les insectes s'envoleront. Il nous faut donc retrouver et brûler les restes éventuels de la vigne. Arracher et brûler aussi la Clématite des Haies qui s'offre comme hôte naturel aux premières générations de scolytes ... jusqu'à ce qu'ils se sentent à l'étroit. Et bien sûr, couper les vibernums morts et les brûler.

Un seul reste vert. Il est en fleurs en ce moment. Le Lierre qui court sur son tronc l'a peut être en partie protégé des scolytes. En partie seulement car des pustules sont présentes. Nous allons tenter le sauvetage de l'arbre en commençant par supprimer ces pustules. Pour cela nous allons entailler l'arbre et nous recouvrirons ensuite les plaies avec du "Goudron de Norvège" (on peut toujours essayer ...). Vérifier et combler son possible stress hydrique, quitte à l'arroser ... Dans l'eau d'arrosage nous ajouterons un peu d'acide salicylique car selon une étude slovène, cela semble renforcer les défenses immunitaires de l'arbre. Pour se procurer de l'acide salicylique, ce n'est pas bien difficile par ici : ce n'est pas pour rien que notre village s'appelle "vallée de Saules", sinon de l'aspirine fera l'affaire ... Mais encore faut-il procéder à l'application en respectant un dosage précis : Krajnc A.U., Kristl J., Ivancic A. [2011]. Application of salicylic acid induces antioxidant defense responses in the phloem of Picea abies and unhibits colonization by Ips typographus. Forest Ecology and Management [archive] 261(3) : 416-426 (11 p., 6 fig., 73 réf.).

Certaines espèces de scolyte (par exemple : Dendroctonus ponderosae) sont à l'état adulte attirées par certaines hormones  de stress (phytohormones) émises par des arbres malades ou déshydratés, les autres le sont par l'odeur du bois mort. Or, autour des vibernums sont stockés des coupes de bois de l'année dernière. Pire , le stress hydrique des vibernum est possible car le sol est couvert de poteries qui ne permettent pas à l'eau de passer, cet état de chose étant aggravé par la pente du terrain (qui accélère le passage de l'eau). Du travail en perspective ! ! ! Le plus raisonnable serait de raser tous les vibernums, mais je ne peux m'y résoudre : ce salon d'été à l'ombre du vibernum, je le veux. Le scolyte étant un ravageur qui tue son hôte très rapidement, nous serons vite fixés sur le sort de notre vibernum ... Si notre arbre sort indemne de sa rencontre avec le scolyte, nous pourrons de façon préventive badigeonner les troncs à l’argile, ce qui limitera l’installation des insectes parasites sous l’écorce.